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Parc naturel régional : une nature et des hommes |
Le Parc naturel régional de Corse qui s'étend du sud au nord sur 350 000 hectares a été constitué il y a plus de vingt-cinq ans ; ce fut une façon, sans doute la plus efficace, de protéger et d'entretenir le capital environnement de l'île. Un capital colossal et pourtant vulnérable, dont chaque espèce, faunistique ou floristique, est un trésor en soi. Un capital longtemps méconnu, voire foulé aux pieds par inadvertance, comme la drosera, plante endémique à l'île, en apparence insignifiante et aujourd'hui en voie d'extinction. D'autres, telle la pivoine de Corse, ont pâti de leur beauté: épargnées par la semelle du vacancier ou du berger, elles sont menacées par la cueillette sauvage. Sur deux mille espèces végétales recensées en Corse, 175 sont désormais protégées.
D'une étonnante diversité, la végétation abrite toute une faune dont l'existence est étroitement liée à la sienne. Ainsi la sittelle de Corse, petit passereau grimpeur qui ne réside que dans les pins laricio. L'arbre lui fournit gîte et couvert et, sans lui, ce drôle d'oiseau qui progresse la tête en bas le long des troncs disparaîtrait.
Sanctuaire du mouflon, du gypaète, du balbuzard, du cerf de Corse qu'il a fallu réintroduire, le Parc naturel régional, île dans l'île, ne peut qu'attirer la comparaison avec l'arche de Noé. Comme dans la nef du patriarche, l'homme n'y a pas été oublié. Il est l'artisan et le destinataire de cette oeuvre de sauvegarde. C'est par lui et pour lui que les richesses de la nature corse doivent être épargnées et valorisées.
Comment pourrait-il en être autrement sur ce territoire qui englobe quelques 140 communes, toutes résolues à refuser la fatalité de la désertification, et à faire de cet environnement l'outil de leur développement ? Et l'une des plus belles réussites du Parc est de parvenir à maintenir cet équilibre entre les intérêts des hommes et ceux des animaux et des plantes, sur une terre économiquement vouée au tourisme et à l'agriculture. Du reste, ces intérêts ne sont pas aussi incompatibles qu'on pourrait le croire. Ainsi, freiner la dégradation des pozzine, ces vertes pelouses d'altitude qu'on peut admirer l'été à Ese ou sur le Coscione, c'est fournir aux troupeaux des pâturages de premier ordre en période estivale et réguler l'humidité dans les vallées, en évitant les crues.
Dans cet espace exceptionnel, ni musée ni terrain de jeux, les règles édictées visent à protéger le patrimoine de la Corse dont l'homme fait partie intégrante.
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