WWW.CLUB-CORSICA.COM

Par Joseph-Guy Poletti

Le sens des priorit�s

La le�on vient du Br�sil. Surprenant. Car nul sans doute ne pouvait le pr�voir dans un pays o� le foot est roi. Les supporters qu�on attendait dans les stades flambant neufs se sont mu�s en manifestants des rues.


La le�on vient du Br�sil. Surprenant. Car nul sans doute ne pouvait le pr�voir dans un pays o� le foot est roi. Les supporters qu�on attendait dans les stades flambant neufs se sont mu�s en manifestants des rues. Ils n�invoquent pas les dieux pour qu�ils favorisent leur �quipe nationale, mais ils y d�fient les autorit�s, compl�tement d�pass�es par l�ampleur du ph�nom�ne, en hurlant leur ras-le-bol.
Le gouvernement (de gauche) pourra toujours m�diter sur l�ingratitude du peuple. Quoi�! On fait tout pour lui �tre agr�able en lui organisant une coupe du monde � domicile, et voil�-t-il pas qu�il vitup�re au pr�texte qu�on multiplie par deux le prix des transports publics. C�est bien la peine de se casser le train.
Faut-il que les responsables politiques au pouvoir et les instances internationales du football soient � c�t� de la plaque pour ne rien avoir vu venir. Notamment ceci�: que ce march� de dupes �tait le march� de trop.
Le chef de l��tat, Dilma Rousseff, a bien annul� l�augmentation tarifaire. Trop tard. Les Br�siliens se sont demand� comment on pouvait investir tant d�argent (11 milliards d�euros� en pr�visionnel) dans des �quipements sportifs quand on est dans l�impossibilit� d�assurer un service minimum dans la sant� ou � l��cole. Et plusieurs stars du ballon rond, non sans une certaine hypocrisie tant ils sont les �lus du syst�me, ont exprim� leur soutien aux contestataires.
Il suffit de comparer�: d�un c�t�, le salaire minimum mensuel au Br�sil qui s��tablit � 237 euros�; de l�autre c�t�, le co�t total du transfert de Santos � Barcelone de Neymar, la perle de la Sele�ao, qui avoisine les 60 millions d�euros. Quant � son futur co�quipier, l�argentin Messi qui vient d��tre inculp� pour fraude fiscale, il per�oit un salaire annuel de 35 millions d�euros. Certains pr�tendent que l�argument est stupide, car il s�agit de transactions purement priv�es. Pourtant, au final, c�est toujours le contribuable qui paie d�une mani�re ou d�une autre. C�est bien ce que viennent de r�aliser les Br�siliens.
Jetons un regard sur la Corse. Le championnat de Ligue 1 repart avec deux clubs insulaires parmi l��lite. C�est une r�elle performance�! Huit r�gions qui se situent toutes devant l��le en terme de richesse n�en comptent aucun. L��le de France elle-m�me n�en a qu�un. On peut s�interroger. La Corse a m�me r�ussi � retenir l�attention du Tour de France pour sa centi�me �dition. Quelle �nergie a d� �tre d�ploy�e pour relever un tel d�fi�! On peut s�en r�jouir.
Mais pendant ce temps�: quid des travaux sur un imp�ratif de recentrage de la Corse au sein de la M�diterran�e de mani�re � effacer son handicap p�riph�rique, appendice inutile de l�ensemble fran�ais�? Quid des efforts dans le domaine des exportations alors que l��le ne figure m�me pas au classement des r�gions tant son niveau est marginal�? Quid d�une diversification de son produit int�rieur brut, car en Corse les emplois industriels n�on pas disparu, ils ne sont jamais apparus ? En d�autres termes, quid d�une vision � moyen terme�?
Rien. Et �a pose probl�me quant � une exacte appr�ciation du sens des priorit�s. Tout comme au Br�sil.


Joseph-Guy Poletti


Copyright Corsica